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mercredi 10 décembre 2008

l'Emploi Local on peut en parler...

Aujourd'hui les Nouvelles attaquent fort (deux jours après les résultats du bac, on reste dans le ton): Première ébauche de loi sur l'emploi local.

L'emploi local, en Nouvelle-Calédonie, c'est pas peu d'en parler. C'est encore plus fort qu'une religion. Le "culte de l'emploi local" qu'on pourrait l'appeler. Et l'avantage c'est que c'est la seule religion où tout le monde a l'air de parler le même langage. Sauf les importés, mais eux on veut pas les écouter...

Ici, s'il n'y a pas écrit "Nouvelle-Calédonie" dans la case "Né à" sur ton passeport, tu pars avec du handicap pour te placer sur le marché. Les zoreils ayant trop longtemps trusté les plus belles places, il faut à présent ré-inverser la vapeur. Machine arrière toute. Et si un zoreil est embauché en lieu et place d'un local, attention le piquet de grève n'est jamais très loin !! (quoi? moi j'exagère??? si peu, si peu...)

Le projet de loi veut répartir par liste les métiers présentant des "difficultés de recrutement" afin d'ouvrir, selon les degrés de difficultés présentés, le poste à des personnes résidant en Calédonie depuis au minimum 3 ans, sauf dans le cas extrême où l'entreprise réussit à obtenir un "certificat de carence", c'est-à-dire dans le cas où vraiment après de multiples efforts aucun candidat local ne correspond. Et ce certificat donne alors le droit d'embaucher quelqu'un de plus fraîchement débarqué.

Ne me demandez pas ce qui se passe si:
_ un jeune Calédonien revient avec sa douce et tendre qui n'est pas forcément un ingénieur doublé d'un master spécialisé, et qui donc devra attendre quelques années avant de se voir ouvrir les portes du marché du travail...
_ un habitant du Monde a entendu parler en bien de la Calédonie (on y croit) et s'est dit allons voir là-bas s'ils n'ont pas besoin de mon aide.

Vous devriez lire l'article, il vaut le coup.

Mais que l'on ne se méprenne pas. Je suis pour l'emploi local. A compétences égales, il faut prendre un local. Et encourager les jeunes à poursuivre leurs études, comme le fait le gouvernement avec ses bourses, le programme 400Cadres, l'ICDC, ... Et surtout encourager ces jeunes à REVENIR ! Hélas, lorsque je regarde autour de moi, rares sont ceux qui reviennent. Pourquoi? Et parce que c'est mieux ailleurs, pardi !!

Sans compter ceux qui rentrent dans la catégorie citée plus haut : les "je suis amoureux d'un non-bienvenu en NC".

Un jeune Calédonien qui s'est ouvert un peu l'esprit n'a pas envie de rentrer, pour se retrouver au milieu de conflits politico-économiques qui n'ont aucune raison d'être (qui a dit "pognon"?), au milieu de conflits socio-ethniques qui ne font pas avancer les choses, au milieu de conflits fonciers qui détruisent plus qu'ils ne construisent.

Enfin, je m'éloigne du sujet. Pour en revenir au projet de loi. Il se rapproche un peu de ce que le Canada a instauré: toute embauche d'un étranger doit passer par le bureau des Ressources Humaines du Canada, qui valide. Au début les délais étaient abominables (ce qui décourageait l'employeur et déboutait le futur employé).

Depuis trois ans ils ont instauré les "listes de métiers à compétence très recherchée". En gros, si vous êtes employeur au Canada et que vous cherchez quelqu'un dans ces métiers, vous êtes sûrs de ne pas trouver, et donc vous avez le droit d'accepter un étranger (muni d'un visa de travail valable). Le gouvernement canadien vous délivre les autorisations dans un délai raccourci.

Donc, messieurs les politiques, le Canada a fait comme vous. Puis est revenu en arrière parce que cela ne marchait pas. Merci d'en prendre note et d'éviter les erreurs qu'ils ont déjà faites...

dimanche 7 décembre 2008

Documentaire : Retours à Canala

Ce matin j'ai regardé mon premier documentaire télévisé sur les "Evénements", période d'affrontement ethnique qui a eu lieu de 1984 à 1988. Je n'étais pas grande à l'époque. Trop jeune pour comprendre qu'autour de moi c'était le chaos.

Le documentaire, intitulé "Retours à Canala", avait déjà été diffusé jeudi soir. Merci RFO, vous faites de l'excellent boulot à le rediffuser.

Le thème majeur du documentaire, c'était qu'une famille de colons (Caldoches), pourtant bien intégrée à Canala, en avait été chassée en 1988 (par les Mélanésiens), durant les Evénements. Cette famille, meurtrie, n'aspirait qu'à une seule chose, une demande de pardon. Après 20 ans, les protagonistes de ce drame reviennent sur leurs erreurs, et acceptent de renouer le dialogue.

Personnellement, ce documentaire est un début. Il va dans le bon sens, en nous montrant des images de fraternité, de retrouvailles et de repentance. Les Evénements sont et resteront pour encore de longues années un sujet tabou car douloureux pour tous les habitants de la Calédonie. Mais il n'y a qu'en en parlant, comme ce documentaire l'a fait, que nous réussirons à crever l'abcès.

Après, on se rend bien compte que cette famille a réussi à renouer le dialogue, mais plusieurs centaines, qui elles aussi ont été chassées sous la menace, ne trouveront probablement pas le repos de sitôt.

Un autre aspect qu'il ne faut pas négliger : les Mélanésiens ont chassés les colons de leurs terres, mais n'utilisent pas pour autant ces dernières, les laissant à l'abandon le plus complet. Toutes ces ressources et installations gâchées et gaspillées, pour quoi au juste? Pour une histoire de couleur de peau ? Ou bien simplement la fierté de se dire "c'est nous les plus forts maintenant" ?

En tous les cas, Canala n'a pas fini de faire parler d'elle, avec l'agression des deux touristes qui a eu lieu justement avant-hier, sur la route à horaires... Est-ce qu'enfin les erreurs du passé serviront à tracer notre avenir ??

jeudi 4 décembre 2008

Manifestation écolo, ben c'est oui ou ben c'est non?

Comme vous le savez peut-être déjà, une manif écolo est organisée ce samedi, à partir de 9h à la Baie de la Moselle. L'idée? Manifester contre les centrales à charbon qui sont en cours de construction.

Le tract vous appelle à "fêter notre futur titre de Champion du Monde du CO2", encore plus fort que les Ricains...

J'en ai discuté autour de moi, et là plusieurs sons de cloche.

D'une part, on a ceux qui soutiennent la manifestation, mais qui ne peuvent décemment pas se présenter le jour J, de peur d'être catalogué "écolo". Ou bien parce que comme ils travaillent "dans le milieu", ils ne peuvent pas se faire mal voir par leurs patrons...

D'autre part, on a ceux qui disent "de toutes façons, ça ne va rien changer". Ce qui a le mérite d'être vrai, malgré les avis défavorables des personnes dont on avait demandé l'avis avant de lancer le projet.

Après, nous avons aussi ceux qui disent "de toutes façons l'écologie est une fumisterie géante". Après tout, c'est vrai. C'est bien beau de vouloir mettre des éoliennes et des panneaux solaires partout, mais l'électricité il faut bien la stocker. Et pour le stockage, il faut des batteries. Mais qu'advient-il des batteries une fois leur durée de vie atteinte???

Ah ben bonne question... que je creuserais une autre fois, aucun reconditionneur de batterie n'affiche ses prix sur Internet, il faut effectuer des devis pour avoir la réponse, du coup je ne préfère pas bâcler le travail.

Enfin bon. Tout ça pour dire que, même si la plupart des Calédoniens sont d'accord dans le principe avec cette manifestation, la majorité d'entre eux ne s'y présenteront pas, de peur d'être vu...

Ahhhh, c'est super la Calédonie. De toutes façons ça ne va plus changer grand chose maintenant, les usines sont déjà construites (ou presque). En plus on va être champions du monde de quelque chose !! (en plus du nombre de tués sur les routes par rapport au nombre d'habitants, mais bon ça)

lundi 1 décembre 2008

Et ça se tabasse... Mais pourquoi ??

Super les gros titres des Nouvelles en ce lundi matin (j'en avais entendu parler dès le samedi matin il faut dire) : "Meurtre Sauvage à la Place des Cocotiers".

La place des Cocotiers, mais attendez deux secondes, ça n'est pas normalement l'hyper centre-ville de Nouméa, ça? Oui, c'est bien là, le centre du cercle qu'est la presqu'île de Nouméa. Par extrapolation nous pouvons presque dire que c'est le centre de gravité de la Nouvelle-Calédonie.

Et que s'y passe-t-il, tous les week-ends ou presque? C'est une zone de non-droit, où il ne vaut mieux pas traîner après le coucher du soleil. C'est en effet la première recommandation que j'aie reçue en rentrant au pays.

La deuxième étant d'éviter à tout prix la plage de Ouémo. Où il y a d'ailleurs eu un autre tabassage en règle il y a deux mois, pour d'autres raisons et heureusement une issue moins fatale (et encore...)

De toutes façons, à part les jeudis, il n'y a aucune raison de traîner dans le centre-ville après le coucher de soleil, puisque les magasins font toujours tout ce qui est en leur moyen pour fermer leurs portes avant que le soleil n'aille se cacher, et ainsi renvoyer la population dans ses quartiers, et redonner son calme et sa tranquillité (de mort) à la place des Cocotiers...

Personne n'approuve ces "guerres d'ethnies", parce qu'il faut bien le dire, c'est là qu'est le problème, mais personne ne propose de solutions non plus. D'ailleurs, pour proposer une solution, encore faudrait-il qu'il y ait un problème. Mais où est-il donc ce problème qui monte les Mélanésiens contre le Wallisiens? Je vous le demande en mille, je n'en ai pour l'instant aucune idée...

Mais c'est pas avec ça qu'on va manger de l'avenir commun au petit déjeuner l'année prochaine...

P.S: et la gamine de 4 ans dont son père qui n'a rien fait à part dormir sur un banc de la plus célèbre des places du pays au mauvais moment, qui va aller lui expliquer que nous habitons dans "l'île la plus proche du paradis" ??

Quand je vous le disais...


Je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée-là ;) (voir post précédent)

Le dessin de la semaine, paru dans l'hebdomadaire gratuit "Demain en Nouvelle-Calédonie" n° 119 du 29 novembre 2008. (p.7)

Il est signé Johannes WAHONO.

(cliquez sur l'image pour l'agrandir)