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lundi 23 mai 2011

Et si on allait voir... à Madagascar?

L'exemple de recul du mode de vie une fois l'indépendance d'un pays acquise que nous aimons utiliser ici est souvent celle du Vanuatu, nos proches voisins.
Mais j'aimerais évoquer avec vous l'histoire de Madagascar. En fait, l'histoire actuelle de la NC ressemble étrangement à celle de Madagascar, mais aux alentours de 1958. Oui, les malgaches ont plus de 60 ans d'avance sur nous en terme de politique.
Autre analogie possible, Madagascar est une île pleine de métaux précieux mais attention pas que du nickel comme nous: ils ont aussi du pétrole, de l'uranium, du titane, de l'or...

Sauf que quand on visite l'île, on se rend compte qu'ils ont à présent au moins 30 ans de retard en termes d'infrastructures et de mode de vie.

La population est pauvre et une majorité vit dans des cahutes en bois de moins de 15m². Ces petites cabanes comportent le plus souvent deux pièces: la pièce principale et la cuisine. Pour tout lit, une natte, et pour toutes décorations quelques affaires et un vélo pour les chanceux.

Les routes sont de meilleure qualité que ce que j'avais pu préjuger, car avec presque moins de nids de poule que notre bonne vieille RT1, mais du côté des réseaux de communication, à part les téléphones portables il n'y a pas grand chose. Internet est disponible sur l'île, oui bien sûr, mais de toutes façons le taux d'équipement en ordinateurs est très faible: 5000 ordis pour 1 million de personnes en 2004, et de ce que j'ai vu ce chiffre n'a pas du beaucoup évolué. Pour comparer, en France le taux d'équipement est de près de 600 000 ordis pour 1 million de personnes à la même période. Oui, ça fait 100 fois plus... (source: NationMaster.com)

J'ai eu le plaisir de devoir demander une "vignette" pour enregistrer mon vélo (eh oui, là-bas le vélo a le droit à sa carte grise, puisqu'il s'agit du moyen de transport n°1!) à la mairie de Tamatave, et je n'ai pas vu un seul écran d'ordinateur dans les locaux de la gare de chemin de fer qui accueille les employés municipaux le temps que l'hôtel de ville soit rénové. Tout est consigné, à la main, dans des registres.

Pour l'anecdote, j'ai d'ailleurs appris que dans cet hôtel de ville, quand une vitre était cassée, cela imposait de facto une réorganisation des pièces: les bureaux et armoires étaient déplacés le plus loin des fenêtres, pour éviter que la pluie ne détruise les documents. Évidemment, il n'y a pas un rond pour remplacer les vitres... Et vu l'état actuel du chantier de rénovation (je n'ai vu que deux ouvriers sur le chantier, une fois, et le lendemain je ne les ai pas revus), je pense que les employés municipaux vont rester un moment entassés dans la pièce principale de la gare...

J'aimerais croire que même si la Calédonie obtient l'indépendance, elle fera "mieux que les autres", mais malheureusement je ne suis pas convaincue qu'on soit réellement les "plus fort du mânde", surtout quand je vois le climat politique actuel. J'ai peur que l'obtention de l'indépendance ne nous emmène pas vers une évolution, mais plutôt tout droit vers une dévolution. Comme à Madagascar...

Ce serait formateur d'organiser un vol charter vers Madagascar pour envoyer quelques personnes qui sont en faveur de l'indépendance mais qui n'ont jamais vu ailleurs, pour qu'ils puissent se rendre compte de ce qu'ils risquent de perdre, non?